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Du pollen pour les abeilles, mais pas pour votre nez : les allergies saisonnières démystifiées

Vous souffrez d’allergies saisonnières, mais vous aimez aussi les fleurs? Cet article est pour vous! On voit souvent défiler à la télévision, sur internet et dans les magazines, des publicités de médicaments antihistaminiques contre les allergies illustrant un jardin fleuri, un bouquet de fleurs ou des graines de pissenlits avec une personne souffrant visiblement d’un quelconque symptôme des voies respiratoires des plus désagréables. Sottises! Saviez-vous que le pollen des fleurs visibles et colorées n’est que très rarement associé aux allergies? Que les graines de pissenlits, aussi chatouilleuses pour le nez qu’elles en ont l’air, ne sont guère responsables de vos éternuements saisonniers? Sachez plutôt ceci : en général, seuls les pollens de certaines plantes pollinisées par le vent sont responsables de causer des symptômes d’allergies respiratoires. Au Québec, les principales plantes connues pour causer le rhume des foins sont l’herbe à poux, les chénopodes, les orties, les armoises, les amarantes, certains arbres feuillus (ormes, bouleaux, peupliers, chênes, caryers, érables, saules, frênes) et, tenez-vous bien, le gazon.

La petite herbe à poux (Ambrosia artemisiifolia), la plante causant la majorité des allergies respiratoires au Québec. Photo : Andrew Butko
La petite herbe à poux (Ambrosia artemisiifolia), la plante causant la majorité des allergies respiratoires au Québec. Photo : Andrew Butko

Ma pelouse… allergène?

Oui, oui! Votre pelouse adorée est une source d’allergènes pour bien des gens. D’ailleurs, 40% des allergies saisonnières sont causées par le pollen des graminées (les plantes que l’on nomme aussi les herbes ou les gazons). Les graminées les plus allergènes incluent les fléoles, les dactyles, les fétuques, les ivraies et les pâturins. Les trois dernières sont d’ailleurs les types que l’on retrouve le plus souvent sur les pelouses. Toutefois, les graminées de la pelouse relâchent leur pollen que lorsque celles-ci poussent assez haut pour former leurs inflorescences : des petits épis qui rappellent un peu ceux du blé (une graminée lui aussi). Il est donc important, si on cultive une pelouse principalement composée de graminées, de la tondre fréquemment. Il faut toutefois préciser qu’une pelouse maintenue trop courte pourrait devenir un terrain propice à l’herbe à poux (Ambrosia spp.), la plante responsable de causer la majorité des cas d’allergies respiratoires chez les Québécoises et Québécois. Cette dernière prolifère dans les milieux perturbés et dénudés de végétation et se plait parfaitement bien dans une pelouse maintenue trop courte où les graminées, pratiquement effeuillées par la tondeuse, ont tendance à s’affaiblir.  Par contre, elle est sensible à la compétition : plus elle est entourée de végétation haute et dense, moins elle est capable de développer ses inflorescences porteuses de pollen. Bien compliqué cette histoire de pelouse : trop haute, elle devient allergène; trop courte, elle favorise l’établissement de l’herbe à poux… Sans mentionner que l’entretien d’une pelouse est fastidieux et pas très économique en ce qui concerne la saine gestion de l’eau.

Inflorescences du pâturin des prés (Poa pratensis), une graminée très commune dans les pelouses.
Inflorescences du pâturin des prés (Poa pratensis), une graminée allergène très commune dans les pelouses. Photo : Matt Lavin

Tout est dans la gravité

Alors, pourquoi ne pas remplacer sa pelouse par des plantes vivaces portant de jolies fleurs? Certainement pas à cause des allergies! Comme mentionné plus haut, les fleurs voyantes, comme les roses, les tulipes et les marguerites, ne sont pas reconnues comme étant des sources importantes de pollen allergène, même si on retrouve à l’occasion le pollen de certaines espèces en petites quantités dans l’atmosphère. La raison est simple : le pollen des fleurs portant des pétales développés et colorés est normalement trop lourd pour être aéroporté (transporté dans l’air). Ces fleurs se font une beauté pour séduire les insectes pollinisateurs. Ces derniers, comme les nombreuses espèces d’abeilles, sont attirés par les couleurs et les motifs des fleurs et s’y posent pour en extraire de la nourriture : le nectar et le pollen. Le nectar est une source d’énergie et le pollen constitue l’apport en protéines pour les jeunes abeilles. Si ce pollen était assez léger pour être diffusé à profusion dans l’air, les abeilles auraient bien du mal à le récolter!

Bourdon récoltant du pollen sur une échinacée. Photo : Marc Sardi
Bourdon récoltant du pollen sur une échinacée. Photo : Marc Sardi

Des fleurs faussement accusées

Vous avez peut-être déjà entendu dire que si on est allergique au pollen de l’herbe à poux, on le sera également à celui de toutes les plantes de la même famille, en l’occurrence les astéracées : la famille du tournesol, du pissenlit, de l’aster et de la verge d’or. Ces plantes sont aussi généralement pollinisées par les insectes. En effet, il est possible qu’une personne allergique au pollen de l’herbe à poux puisse l’être à celui des plantes de la même famille. Toutefois, il faudrait que cette personne renifle directement le pollen de ces dernières pour en subir les effets, celui-ci étant normalement trop lourd pour flotter dans les airs jusqu’à ses narines. Par exemple,  la verge d’or (Solidago spp.) est bien trop souvent accusée pour causer le rhume des foins quand la vraie coupable est l’herbe à poux.  Les deux plantes fleurissent au même moment de l’année (soit du début du mois d’aout jusqu’à la mi-octobre), mais les fleurs de la verge d’or sont nettement plus voyantes et donc bien plus faciles à blâmer. Le tournesol (Helianthus spp.) est aussi pollinisé par les insectes et produit un pollen qui n’est pas normalement aéroporté. Toutefois, des études européennes ont démontré que des ouvriers travaillant sur des fermes où l’on cultive intensivement le tournesol avaient développé des symptômes d’allergies respiratoires en raison de l’importante manipulation des plantes au champ. À noter que certaines personnes peuvent aussi avoir une réaction allergique, autre que respiratoire, en touchant ou en ingérant le pollen ou d’autres parties de plantes reconnues comme étant allergènes.

Un champ de verges d'or : des plantes trop souvent accusées de causer des allergies respiratoires. Photo : Marc Sardi
Un champ de verges d’or : des plantes trop souvent accusées de causer des allergies respiratoires. Photo : Marc Sardi

Cultivons allègrement!

Conclusion : de façon générale, on peut s’adonner à la culture des fleurs même si l’on souffre d’allergies saisonnières. Nous suggérons d’opter pour des espèces favorisant la biodiversité, par exemple les plantes indigènes. Plusieurs espèces indigènes offrent une floraison spectaculaire, prolongée et haute en couleur, tout en attirant une multitude d’insectes pollinisateurs comme les abeilles et les papillons. Pour en citer quelques exemples, notons les verges d’or, les asters, les asclépiades, les rudbeckies et les eupatoires. Petit conseil : plantez dense et diversifié, vous encouragerez ainsi une compétition féroce contre les plantes allergènes comme l’herbe à poux et la pelouse.

Pour plus d’information au sujet de la biodiversité urbaine, contactez-nous!

Par Marc Sardi, chargé de projet Biodiversité urbaine

Sources :

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