[email protected] (514) 447- 6226 #300 (Ahuntsic) | (514) 447- 6226 #301 (Cartierville) | (514) 447- 6226 #302 (Villeray) | (514) 447- 6226 #303 (Parc-Extension)| (514) 447- 6226 #304 (Saint-Michel) | (514) 447- 6226 #305 (Pie IX) | (514) 447- 6226 #306 (Rolland)

Vers un possible retour du melon de Montréal ?

Clémence Ménard


Le melon de Montréal, qui faisait la réputation de la ville durant le 20e siècle, a, au cours des décennies, progressivement quitté son sol. En 1950, le populaire fruit semblait disparu du pays.

Cependant, en 1996, des semences identifiées comme étant celles du melon de Montréal ont été découvertes par pur hasard aux États-Unis. Depuis, sa culture a peu à peu repris vie sur son territoire d’origine. Il faut toutefois noter que certaines différences se présentent entre le fruit qui poussait dans les champs du 20e siècle et celui qui pousse dans les potagers de la métropole. C’est à se demander si le melon de Montréal qui était si prisé est réellement de retour.

La naissance

Boston Public Library

De la fin du 19e siècle jusqu’au milieu du 20e siècle, Montréal a été la terre de culture d’un produit très apprécié en Amérique du Nord ; le melon, dont la tranche pouvait se vendre jusqu’à 1,50$ dans les grandes villes américaines, telles que New York et Boston. Ce dernier était principalement cultivé dans ce qui correspond aujourd’hui au quartier Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce par deux grandes familles de producteurs, les Gorman et les Décarie, qui étaient les seules à posséder les droits de production des semences. L’autoroute Décarie est d’ailleurs en l’honneur de la famille de cultivateurs. Les Décarie, autant que les Gorman, ont grandement contribué à la popularité du fruit en travaillant notamment à stabiliser la variété de melon qui a été introduite en 1864 par les jésuites.

La culture du melon de Montréal requérait beaucoup de travail et de connaissances. En effet, la chair du melon était si fragile que certaines entreprises se spécialisaient dans son transport. C’est en partie pour cette raison, en plus des effets de l’urbanisation, que la culture de ce qu’on nommait aussi le melon muscade a périclité au milieu du 20e siècle. Entre 1920 et 1950, les familles Gorman et Décarie se sont départies de leurs fermes ainsi que de leurs droits de production des semences. En 1954, plus aucune terre sur l’île de Montréal ne faisait pousser le melon et aucun catalogue de semences n’offrait les graines. Le melon de Montréal était donc voué à disparaitre…

La renaissance

Pendant près de 50 ans, aucune trace du melon de Montréal n’a été recensée jusqu’en 1996 où des semences ont été repérées. Lors d’un voyage dans l’état de l’Iowa, le journaliste de The Gazette, Mark Abley se rend au North Central Regional Plant Introduction Station (banque de semence) et tombe par hasard sur un sachet de semences comprenant l’inscription « Montréal ». Il se procure les graines et les confie à Ken Taylor, un ancien professeur de biochimie reconvertie en jardinier se spécialisant dans les espèces de fruits rustiques. Sur les 200 graines que contenait le sachet et qui ont été semées sur la ferme de Taylor à L’Île-Perrot, une seule a germé. À partir de ce seul plant, Ken Taylor produira 200 autres semences et puis des milliers de fruits. Au fil des années, le jardinier va travailler à sélectionner des plants particuliers pour créer une nouvelle variété de toute pièce qu’il va nommer le mini-Montréal.  Grâce à l’audace et au travail de Mark Abley et de Ken Taylor les potagers de Montréal peuvent de nouveau accueillir le melon qui a fait sa réputation.

Un doute sur l’authenticité

Malgré l’enthousiasme entourant la découverte de semences de ce qui semblerait être le melon de Montréal, un doute persiste chez plusieurs concernant son authenticité. Tout d’abord, jusqu’à présent, il a été impossible de faire l’historique complet du trajet parcouru par les semences qui ont été découvertes par Mark Abley. À partir du sachet de semences retrouvé aux États-Unis, il a été possible d’identifier son lieu de production ; le centre horticole W.H. Perron. Ce dernier avait confié les semences du melon de Montréal à l’Université de l’Iowa durant les années 80 où elles ont été cultivées dans le but de préserver la génétique de la variété.

Cependant, les plants du melon de Montréal ont été développés aux côtés d’autres variétés de melons. Il est donc possible qu’une pollinisation croisée ait eu lieu, ce qui aurait modifié la souche du melon de Montréal. Cette hypothèse vient appuyer les doutes concernant les différences visibles entre le melon que nous cultivons aujourd’hui et celui qui était produit autrefois. En se basant sur les écrits et les photographies du début du 20e siècle, il est possible de brosser le portrait d’un melon pouvant peser jusqu’à 7 kg. On peut notamment recenser des photos où l’on peut voir certaines personnes tenir le fruit à deux mains tellement il est massif. Le melon qui est récolté aujourd’hui tend davantage à peser un kilo.

Outre la taille des fruits, la forme fait aussi peser le doute sur l’authenticité des nouvelles semences. Le melon produit par les Décarie et les Gorman avait une forme plus allongée, tel un ballon de football, tandis que le fruit qui est cultivé aujourd’hui a plutôt tendance à être de forme sphérique. Précisons aussi que tous les melons qui sont en circulation actuellement proviennent de la même source, celle de Mark Abley. Bref, tous ces détails mis ensemble créent le doute sur l’authenticité du melon de Montréal qui est cultivé aujourd’hui.

Toujours à la recherche de l’authentique

Bien qu’il ait été loin des assiettes montréalaises pendant des décennies, le melon de Montréal n’a pas perdu sa popularité pour autant. En effet, des passionnés du mythique fruit travaillent d’arrache-pied à faire renaître la variété. C’est notamment le cas de l’organisme Slow Food, qui depuis 2010 tente de trouver une souche fiable du melon de Montréal afin d’éventuellement documenter la variété et de la rendre possible à la commercialisation.

L’organisme montréalais base son travail sur une souche provenant de la famille Aubin qui travaille de près et de loin avec le melon de Montréal depuis trois générations. La première était celle de Roméo Aubin qui a travaillé à la production de melons de Montréal pour nul autre que la famille Décarie. Il aurait alors transmis son savoir à son fils qui l’aurait cultivé à son tour. Aujourd’hui, c’est au tour de la petite-fille de Roméo Aubin, Debra Aubin, de cultiver le fruit dans son potager personnel. Cette dernière travaille notamment avec des semences que son père s’est procurées auprès de Ken Taylor et qu’il a cultivé à son tour afin de retrouver le melon de son enfance.

Bref, avec tout le savoir et la détermination de Slow Food et de ses collaborateurs-rices, l’histoire du melon de Montréal reste encore à être écrite.

Sources

Le melon de Montréal ne fait plus le poids, Le Devoir, 11 octobre 2006, https://www.ledevoir.com/societe/120171/le-melon-de-montreal-ne-fait-plus-le-poids

À La recherche des anciens melons québécois, ICI Radio-Canada, 18 septembre 2020, https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/les-annees-lumiere/segments/reportage/336614/melon-montreal-variete-ancestrale-patrimoniale

Melon de Montréal, Terre Promise, https://www.terrepromise.ca/produit/melon-de-montreal/

Du melon de Montréal au melon d’Oka, Les semences du Portage, 17 février 2016, https://semencesduportage.com/champs-libre/du-melon-de-montreal-au-melon-oka/

Le melon de Montréal (mise à jour), Potagers d’antan, 18 octobre 2011, https://potagersdantan.com/2011/10/18/le-melon-de-montreal-cucumis-melo/

L’histoire du melon de Montréal, Quelle Histoire!, s.d., https://quelle-histoire.com/pages/lhistoire-du-melon-de-montreal

Pierre Gingras, Ken Tyler, le jardinier innovateur, La Presse, 24 septembre 2007, https://www.lapresse.ca/maison/cour-et-jardin/jardiner/200709/24/01-870884-ken-taylor-le-jardinier-innovateur.php

Bernard Lavallée, L’histoire du melon de Montréal, Le nutritionniste urbain, 23 avril 2014, https://nutritionnisteurbain.ca/infographiques/lhistoire-du-melon-montreal/

Slow Food Montréal, Projet Melon de Montréal, https://www.slowfoodmontreal.com/ce-que-nous-faisons/biodiversite/projet-melon-de-montreal/

Ken Taylor, créateur des fruits de demain, Potagers d’antan, 3 novembre 2011, https://potagersdantan.com/2011/11/03/ken-taylor-createur-des-fruits-de-demain/

Sophie Lachapelle, Un melon mythique, L’actualité, 22 avril 2013, https://lactualite.com/culture/un-melon-mythique%E2%80%89/

Le verger urbain, vos fruits à portée de main !

L’agriculture urbaine gagne chaque jour en popularité, alors que les citoyennes et citoyens se sont mis au jardinage dans leur cour ou sur leur balcon, d’autres se sont lancés dans l’aménagement d’un verger urbain. Ces petits vergers peuvent être composés de différents arbres et arbustes fruitiers: pommier, amélanchier, vigne, framboisier, bleuetier, murier, argousier…

Pour arriver à verger luxuriant, des éléments de base sont à prendre en compte :  

  • L’ensoleillement : une orientation plein soleil, au sud, sud-ouest est idéale et vous offrira un grand choix de végétaux. Bien que moins nombreux, une belle gamme de végétaux se plairont aussi à la mi-ombre.
  • Le sol : une bonne qualité de sol, préférablement riche et bien drainé est à privilégier. La pollinisation : la plupart des fruitiers et des arbustes auront besoin d’un partenaire pour une bonne pollinisation et ainsi donner des fruits. Il peut s’agir d’un mâle et une femelle comme les kiwis et les argousiers ; ou d’un plant d’une seconde variété avec une floraison ayant lieu au même moment, comme pour la grande majorité des pommiers, des pruniers, des fruitiers à noix (chêne, noyer, châtaigner) et des bleuetiers.
  • La bonne zone de rusticité : lors du choix des végétaux, on sélectionne ceux qui correspondent à notre climat, c’est-à-dire de 5b à 6a (qui résiste à une minimal de -26 à -18 °C) pour le Grand Montréal.

Implantation en strate

Afin de valoriser pleinement le verger en maximisant l’espace, on a tout intérêt à concevoir une implantation en strate. On joue sur la hauteur de plusieurs mètres des arbres jusqu’à celle, minime, des couvre-sol. On oriente les arbres les plus hauts au nord, nord-est et les plus petits vers le sud-ouest pour éviter que les plus gros ne fassent de l’ombre aux plus petits.

Pour la première strate, on peut choisir des pommiers, amélanchiers, les fruitiers à noix, pruniers et pêchers. À une deuxième strate, on peut y planter des camérisiers, bleuetier, framboisier, cassissier, goji. À une troisième strate, on plante des vivaces non ligneuses comme la ciboulette, livèche, rhubarbe, mélisse, sauge, menthe ou monarde. On termine par un couvre-sol avec des fraisiers, gingembre sauvage, thé des bois, aromates méditerranéens…

Les plantes grimpantes pour vos clôtures !

Si vous avez des structures verticales comme des clôtures, vous pourrez y ajouter des plantes grimpantes comme le kiwi et la vigne. Avec une bonne variété de végétaux, on diversifie les récoltes tout au long de la saison et on favorise la biodiversité puisqu’il sera source de nourriture et d’abris pour multitudes d’insectes et oiseaux tout au long de la saison.

Pour aller plus loin :

Lévêque Jean-François. Une forêt nourricière chez soi… c’est possible ! Conseil pour un jardin-forêt productif. https://dujardindansmavie.com/conseils-idees/une-foret-nourriciere-chez-soi-cest-possible. (Consulté le 22 juillet 2021)

Thibaudeau Carole. Une forêt nourricière dans sa cour. La Presse, 4 septembre 2015. www.lapresse.ca/maison/cour-et-jardin/jardiner/201509/14/01-4900348-une-foret-nourriciere-dans-sa-cour.php. (Consulté le 22 juillet 2021)

Pépinière des pionniers. La pollinisation des fruitiers. https://www.pepio.org/fr/page/Pollinisation. (Consulté le 22 juillet 2021)